LUMBINI -
POKHARA - KATMANDOU
De la frontiere indo-nepalaise au pied du toit du monde
WELCOME TO
NEPAL
10 heure du matin ce 8 décembre a Saunoli, c'est dans un vacarme d'enfer
coincés au milieu des camions que nous nous faufilons pour atteindre
la
frontière. Passer celle-ci à vélo est un intense moment
pour nous, c'est
seulement la deuxieme fois que nous entrons dans un pays par la voie
terrestre depuis le depart.
Nous ressentons un soulagement de quitter l'Inde et esperons trouver un
changement avec l'approche des montagnes. Le temps de prendre une derniere
photo cote indien, nous sommes au Nepal ! « Welcome to Nepal »
est la
premiere phrase que nous entendons d'un nepalais. Pensant que c'est un
rabatteur nous l'ignorons a tort. Ensuite c'est une succession de signes de
sympathie qui nous permettent rapidement de nous sentir bien dans ce pays.
D'abord c'est un moine bouddhiste qui nous offre deux mandarines au bureau
des visas, nos routes se croisent, lui se dirige a pied vers l'Inde. Ensuite
nous avons a peine effectue quelques kilometres que deja nous constatons des
changements : Des habitations avec 4 murs, une porte, un jardin, des femmes
plus presentes dans la vie sociale et souriantes, des enfants tres
enthousiastes a notre passage.
Enfin a Lumbini alors que nous visitons ce site sacree, lieu de naissance
de
Bouddha, nous sommes invites a passer la nuit dans un temple. Atmosphere
inoubliable avec prieres, meditations et surtout. surtout le calme.le
silence, le repos apres l'agitation diurne et nocturne de l'Inde. Nous
respirons enfin !
OXYGENE
Le lendemain en debut d'apres midi, nous les apercevons enfin. Les premieres
montagnes de la chaine de l'Himalaya sont la, devant nous. Depuis l'Alaska,
debut septembre, nous n'avons pas eu beaucoup de denivele et avons besoin
de
nous elever. Pierre est tout excite a l'idee de grimper a nouveau et Lili
se
recentre sur elle-meme pour trouver la force necessaire. Rapidement nous
nous trouvons devant un mur. Il nous faut trois jours pour rejoindre Pokhara
dans une succession de cols, de vallees, de passages de rivieres avec une
route de plus en plus deformee. Nous traversons une vegetation tropicale
(banane, pamplemousse, mangue, mandarine, canne a sucre, .) et aussi des
cultures en terrasses.
Sur ces chemins beaucoup d'enthousiasme des enfants et des adultes. Les
petits nous font signes puis courent a cote de nous, pieds nus, dans ces
difficiles montees et nous depassent parfois.
EFFETS NEFASTES
DU TOURIME
A l'approche de Pokhara, cette exaltation se transforme en un comportement
dangeureux. Dans les descentes, les enfants se mettent au milieu de la route
pour nous arreter et dans les cotes, ils s'accrochent aux bagages. «
Mister
tourist..Give me money..Give me a pen..Give me roupies..Chocolate »
et aussi
parfois « Give me your bike ! ». Nous avons l'impression que les
enfants se
sont passes le mot pour quemander. Comment peut-on expliquer cela dans des
lieux si retires. Nous en sommes tres surpris. Plus tard nous aurons une des
explications. Les touristes etrangers, croyant bien faire, donnent
facilement de l'argent aux enfants. Ce n'est absolument pas un service a
leur rendre. Ces enfants prefereront l'argent facile, encourages par les
parents qui ne peuvent assurer le financement de l'ecole pour tous les
enfants de la famille. Pour information, le revenu moyen est de 2 000
roupies mensuel, la scolarisation coute 300 roupies par mois par enfant et
il y a 5 a 6 enfants en moyenne par famille.
Difficile d'imaginer le mal que ce geste de donation peut engendrer sur le
comportement des populations et sur le regard des nepalais envers les
touristes source de dollars.
Lors de nos nombreux echanges au cours de nos deplacements, les nepalais
expriment leur complexe de petit pays coince entre deux geants, l'Inde et
la
Chine. « Nous sommes un pauvre pays » disent-ils tres souvent
et leur
dependance industrielle vis a vis de l'Inde renforce ce sentiment
d'inferiorite. Pourtant, ils n'ont vraiment rien a envier a l'Inde a notre
avis. Les nepalais ont une vie sociale et familiale. Ils aiment se retrouver
le soir devant un feu improvise que se soit devant la maison a la campagne,
dans la rue au centre de Katmandou et meme, avec des flammes de plus d'un
metre de haut, dans un container en pleine salle de restaurant. D'autre
part, les rues sont ici regulierement nettoyees contrairement au pays
limitrophe. Apres plus de 4 semaines passees dans ce pays sans avoir eu de
soucis digestif, nous pouvons dire que l'hygiene alimentaire est correcte
ICI. De plus, nous avons eu le plaisir de faire partager a Marion le charme
des petites echoppes de rues sans aucun probleme.
RENCONTRES
Un soir dans les montagnes, nous realisons que nous n'atteindrons pas avant
la nuit le village de Tansen ou nous pensons faire etape. Nous nous arretons
a cote d'une ferme en contrebas. Un homme fait sa toilette dans sa cour.
Comme des centaines de fois par jour, nous echangeons le « Namaste ».
Nous
lui demandons de passer la nuit a l'abri chez lui. Celui-ci accepte
immediatement et nous recoit d'une maniere extraordinaire. Il nous offre des
fruits de son jardin puis avec ses voisins fait demarrer un feu de bois pour
nous rechauffer. Nous goutons, non sans apprehension, le vin a base de riz
fabrique maison. Blanc, epais, style yaourt alcoolise avec une odeur de vin
de mauvaise qualite. Nous sommes resservis plusieurs fois dans une ambiance
tres chaleureuse. Puis apres avoir quitte nos chaussures.pour entrer dans
la
maison de terre peinte, c'est assis sur un tapis de paille de riz tresse,
que nous prenons notre premier repas familial au Nepal. Som Babu Ale et sa
famille sont tres heureux de nous avoir chez eux. Ils nous l'expriment a
plusieurs reprises.
Le repas est compose de riz (bath) et de lentilles dans un bouillon (dal)
accompagnes de legumes (curry). Nous ne pouvons manger ces derniers car trop
epices pour nous. La soiree de pousuit devant la television ou ils nous font
decouvrir le chanteur le plus populaire du Nepal. Avant de se coucher, Som
va mettre les chevres a l'abri, expliquant que les tigres attaquent parfois
son cheptel. Et dire que nous avions songe a faire du camping sauvage ce
soir la !
Nous passons la nuit dans la chambre des 'guests' dans une temperature
plutot fraiche.
Dans une autre famille tout aussi chaleureuse, nous reprenons gout aux
produits naturels. Nous assistons a la traite de la vache, le lait est
transforme aussitot devant nos yeux en beurre et en lassi. Nous les
degustons accompagne de l'habituel dalbath. Lors de cette rencontre, on nous
demande si notre union est le resultat d'un "arrangement entre nos familles"
ou si c'est "par amour". Cette deuxieme raison n'est peu connue
des
nepalais.
LEVER
DE SOLEIL SUR LES ANNAPURNAS
A Pokhara, a proximite du lac Phewa, l'un des plus vaste du Nepal, nous
quittons vite le ghetto a touriste pour nous rendre a Saranghot, 10 km plus
loin et 800 m de denivele positif plus haut. Nous dormons sur place et nous
nous levons avant l'aube pour admirer des 1600 m le lever du soleil sur le
toit du monde.Et en effet c'est un spectacle qui marquera encore notre
voyage. D'abord une lueur rose sur l'ensemble des montagnes bien decoupees
face a nous. Ensuite, c'est l'Annapurna 1 qui se revele le premier puis
l'Annapurna 4, le Macchapuchre et enfin le Daulaghiri (8129m), le plus haut
et le plus lointain. Le soleil apparait ensuite, apres avoir commence a
eclairer une a une les cretes de ces sommets. La vue est superbe et nous
resterons la journee dans ce cadre magique.
POKHARA -
KATMANDOU
Avec la liaison Pokhara - Katmandou, nous nous attendons encore a beaucoup
de deniveles, Katmandou etant situee a notre connaissance a 2 500 m
d'altitude. La route nous offre une suite de panorama des plus magnifiques.
Gorges, cols, cultures en terrasses, torrents et un population toujours
aussi sympathique malgre une vie tres rude. Nous nous arretons dans un
village pour demander un hebergement. On nous propose rapidement une salle
de classe. Les gamins du village nous y accompagnent et suivent avec grand
interet et bruyament notre installation, montage de tente, preparation du
repas et meme.toilette. Nous devons intervenir pour les calmer et les mettre
dehors mais a notre grande surprise les adultes font aussi partie de
l'agitation dans la cour d'ecole.
La nuit d'apres (plus calme), c'est chez un instit en retraite que nous
faisons etape avant d'arriver a Katmandou. Roshan nous raconte les legendes
de son royaume magique ou le quotidien est encore fait d'histoire de rois,
de reines et de princesses, de divinites qui se transforment en animaux. En
echange, nous lui racontons notre legende du pere Noel. Le fils age de 16
ans, nous demande : « d'ou viennent les cadeaux qui sont au pied du
sapin ?
».
A chacune de nos rencontres dans la journee, nous avons toujours la meme
question : « qu'est ce que vous pensez du Nepal ? ». Ici plus
qu'ailleurs,
on se sourit, on se parle, on echange, on se soucit encore de l'autre et de
ce qu'il ressent. Ici egalement, chacun de nos hotes nous invite a revenir
dans son foyer a notre prochain voyage dans leur pays.
Nous grimpons depuis plusieurs heures et notre compteur nous indique qu'il
ne reste plus que 15 km pour atteindre Katmandou alors que l'altimetre nous
annonce 1200 m et que notre destination est pour nous a 2500 m soit 1300 m
a
gravir en 15 km .
A 1660 m en haut d'un col, nous apercevons Katmandou plus bas !
Nous nous attendions a vivre une des journee les plus dure et finalement
nous arrivons tot dans l'apres midi au centre de la ville qui n'est qu'a 1
400 m. En 15 jours nous avons realise 8 000 m de denivele sur 400 km et nous
apprecions notre pose a Katmandou.
Situee au confluent de deux rivieres, la Bagmati et la Bishumati et
encerclee par les montagnes, elle a l'allure d'une petite ville qui sort a
peine du moyen age.
MARION AU
NEPAL
Nous sommes depuis plusieurs semaines dans cet environnement culturel et
religieux si different de nos reperes occidentaux. Il nous a fallut
plusieurs jours pour nous adapter. Que devons nous faire pour faciliter
l'arrivee de Marion ? Doit-on la preparer en lui racontant ce qu'elle va
vivre et comment la vie se deroule ici ? Ou bien doit-on l'accompagner dans
sa decouverte personnelle ? C'est la deuxieme solution que nous choisissons.
De son cote comment a-t-elle prepare sa venue ? Elle nous avouera qu'elle
preferait ne pas y songer et attendait de vivre les evenements.
Nos seules recommandations avant sa venue concernent l'hygiene : ne pas
boire de l'eau du robinet, pas de glacons, avoir les ongles courts, ne pas
toucher les animaux, se laver les mains plusieurs fois par jour.
La decouverte est saisissante. A l'aeroport, c'est la foule des rabatteurs
de taxis et d'hotels, de porteurs que nous eloignons de nous fermement pour
nous frayer un passage. Dans le taxi qui nous mene dans le centre, elle
decouvre par la fenetre, le spectacle de la vie quotidienne.
Les vaches dans la rue qui mangent les ordures, les routes defoncees, les
coiffeurs et barbiers sur les trottoirs.les femmes en saris. les petits
vendeurs ambulants de tout et de rien.les conducteurs qui klaxonnent a tout
va sans pour autant s'enerver.
Avec la venue de Marion c'est aussi un retour avec les reperes occidentaux
comme les fetes de Noel et du nouvel an qui pour nous sont bien loin de
notre vie actuelle.
Depuis le Japon, mi-septembre, la vie est organisee autour des religions
hindou, bouddhiste et musulmane pour l'Inde.
Marion arrive avec un
gros carton qui est pour nous une veritable hote de
Noel. Des pneus, des chambres a air, mais aussi des patins de freins ! ! !
accompagnes de quelques victuailles que nos proches et amis nous ont si
gentiment envoye. Du foie gras avec ses petits toasts, du magret de canard
fume, des chocolats (grelons du pilat et papillottes) du saucisson bien
gras, des olives de Lagnes, de l'huile d'olive de Menerbes, de la lavande,
des herbes de Provence et du fromage tant attendu.des cosmetiques pour Lili
et de la Savarine pour les moustiques ! Alors que nous degustons ces
delicieux mets, Marion se met au rythme riz blanc midi et soir et meme une
fois au petit dejeuner.
Apres trois jours d acclimatation
a Katmandou, nous partons dans la vallee
avec nos velos pour lui faire decouvrir la vie nepalaise, ses coutumes et
ses religions. Nous visitons Bhaktapur, une cite medievale authentique,
Patan (ou Lalitpur) ancienne ville royale . Nous fuyons la pollution de la
capitale pour gravir avec elle son premier col a plus de 2 000 m! C est
avec beaucoup de courage et de volonte qu elle nous epate une nouvelle fois
jusqu au 2175 m que nous franchissons a Nagarkot. C est de ce sommet que
nous savourons ensemble un nouveau lever de soleil sur les plus grands pics
du monde.
Nous nous organisons pour un mini trek. En partant de Nagarkot pour nous
rendre au depart du trek a Sundarijal en passant par Katmandou on nous
annonce qu il n y a pas de bus. C est la greve generale. Cela ne nous touche
pas car nous sommes en velo. Bien au contraire, toute la circulation est
arretee. Nous ne rencontrons que des pietons, des cyclistes et des
ambulances. Toutefois a l approche de Katmandou nous devons slalommer entre
les barrages de pneus en feu, des paves et briques jonchant la route mais
aussi quelques panneaux de signalisation arraches. Nous traversons la
banlieue de Katmandou qui est en effervescence. Des touristes francais nous
interpellent et nous disent qu il y a du grabuge plus loin. De nombreux
militaires armes sillonnent les rues dans des vehicules ordinaires conduits
par des civils.
La population est rassemblee le long des avenues alors qu'aux croisements
c'est l armee qui veille.mitraillettes a la main, casquee au milieu des
fumees.
Malgre tout, ,meme si nous ne sommes pas rassures, nous passons a travers
cette tension pour rejoindre le petit village de Sundarijal. La raison de
ces mouvements reste obscure puisque meme les journaux ont des explications
contradictoires. Cependant lors des 5 greves que nous avons vecu pendant
notre sejour on constate que les nepalais savent se mobiliser et c'est alors
toute l economie du pays qui s arrete.
A Sundarijal, nous faisons la connaissance de Ram et Rama, directeur et
institutrice de l ecole du village. Ils nous proposent de nous heberger dans
une des salle de classe. Le lendemain, alors que nous venons de terminer
notre petit dejeuner depuis peu, Ram nous invite a prendre le « nepali
food
» une heure plus tard a 10 heures ! C'est le fameux dal bath que toute
les
familles nepalaises prennent en milieu de matinee. Marion se plait a ces
nouvelles coutumes et nous voila prets pour notre trek , les velos etant
sous bonne garde.
Ainsi nous marchons deux jours et partageons avec Marion notre soif de
decouvrir ces paysages, cette beaute des cultures, les populations dans les
villages retires face a la chaine de l'Himalaya avec l Everest encore
lointain. Au retour nous avons le plaisir de partager a nouveau le soir et
le matin le « nepali food » !
RADIO
FRANCE VAUCLUSE CA DECAPE...
Contactes par Jean-Pierre Belmon de Radio France Vaucluse pour realiser une
interview qui sera diffusee entre Noel et le jour de l'An, nous devons
trouver une ligne internationale et une piece tranquille (pas facile a
Katmandou). Nous contactons le directeur du plus beau 5 etoiles de la ville,
qui accepte gracieusement de nous laisser une chambre pour l'apres midi.
C'est l'occasion pour nous trois de nous 'decaper' a l'eau CHAUDE... et
d'utiliser un seche cheveux ! Le luxe !!! Merci Jean-Pierre...
Marion retourne en France le 3 janvier. Que retiendra-t-elle de ce voyage
dans ce pays si hospitalier qui nous a tant marque ? Population charmante,
acceuillante, culture, religions et reperes si eloignes des notres mais o
combien agreables et non pesants.
Nous recommandons cette destination meme si chacun de nos passages dans
l'aeroport de Katmandou a ete tres delicat. Probleme de visas lors de notre
premier transit pour Delhi, surcharge de bagages refusee au depart de Marion
et enfin, 6 de nos 10 sacoches perdues a ce jour soi disant dirigees vers
Frankfort au lieu de Sydney. Sans maillot de bain et avec nos seules
chaussures de marche, nous les attendons encore en longeant les plages de
Sydney par 30 degres a l'ombre ou l'atmosphere des J.O. regne encore...
Le choix du proverbe tibetain pour nos voeux ("le voyage est un retour
a
l'essentiel") n'a jamais ete aussi vrai aujourd'hui pour nous !
A bientot...
Pierre et Lili, les kangourous en herbe
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* Pour les curieux qui souhaitent en connaitre plus sur notre vie
quotidienne (cout de la vie, moyennes kilometriques, alimentation, type
d'hebergement, etc) ils peuvent cliquer sur 'POINT DE REPERES' sur notre
site internet :
http://lemondeavelo.free.fr
* Si vous souhaiter ecouter l'interview avec Jean-Pierre Belmon de Radio
France Vaucluse, elle est desormais disponible sur notre site internet.
* Les dernieres photos de l'Inde et du Nepal sont aussi sur la enieme mise
a
jour de l'insatiable Laurent !
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