DE VANCOUVER A VANCOUVER
Arrivées à l'aeroport de Vancouver (Canada), après 30 heures de voyage en 4
liaisons différentes depuis Cochabamba (Bolivie), c'est un certain trouble
qui nous envahis…. nous subissons un choc… A peine sortis de l'avion, c'est
d'abord l'odeur de javel qui emplie les narines de Liliane. Cela fait deux
mois que nous n'avons pas senti cela… Nous sommes accueillis dans le hall
par des cascades d'eau claire, des fontaines d'eau potable fraiche…
Une fois nos bagages et nos velos recupérés, le tout remis en bon ordre,
c'est a l'exterieur que nous allons de nouveau etre choques, par la grandeur
et la proprete des voitures, les 4X4, les limousines, toutes flambant
neuves.
Plus loin, c'est le vert des jardins, des parcs aux abords de la ville qui
flashe a nos yeux. Le ciel est gris ce jour-la, alors que nous avons eu du
ciel bleu sur nos tetes durant les deux derniers mois. Bref, nous ressentons
un certain blues en rentrant a velo dans la ville de Vancouver.
Notre choix pour le Canada a ete decide en fonction de la venue de Marion
dans deux jours pour cinq semaines. Car nous savons qu'au niveau hygiene et
politique, ce pays est sur. Pour sa premiere venue nous avons mise sur la
securite.
Mais nous avons comme l'envie de repartir tellement l'Amerique du Sud nous a
plu.
Cela se concretise d'autant plus, lorsque nous effectuons nos premieres
depenses… Le cout de la vie est multiplie par 10 et le mot dollar nous
agresse quelque peu ce jour-la.
Lorsque Pierre rentre pour la premiere fois dans une grande surface, il en
ressort 30 secondes apres les mains vides et avec une petite mine, disant :
"je ne peux pas ! Il y a trop le choix !". Et pourtant, il a travaille 15
ans dans cet univers !
Nous devons avoir une adresse a donner a la compagnie d'aviation pour le vol
de Marion. Nous allons dans une auberge de jeunesse. Nous dormons separes,
en dortoir a 36 $ (soit 180 frs). Premiere separation depuis 101 jours.
VANCOUVER
Bien vite, nous apprecions la qualite de vie au Canada, a travers la ville
de Vancouver.
C'est une ville ou il fait bon vivre. La ville a une taille humaine. Ici, il
fait ni trop froid l'hiver (rarement en dessous de 0 degres, ce qui explique
la presence de tres nombreux bougainvillers aux couleurs multiples) ni
trop chaud l'ete. Vancouver est entoure par l'Ocean et par les montagnes
encore enneigees au mois de juillet. On n'y ressent pas le stress des
grandes cites. Des larges avenues, des parcs immenses bien ordonnes et
sauvages a la fois (Stanley Parc).
Rapidement nous constatons combien le sport est present dans cette
agglomeration. Ici les Mountain Bikes sont tres nombreux et la ville leur
fait une grande place : des rues speciales pour le velo, des feux rouges
adaptes, des voies reservees, des parcours a travers les nombreux parcs.
Nous sommes doubles par de nombreuses personnes rentrant du travail a velo,
c'est un moyen de transport a part entiere. Le velo est a tel point
respecte, que les vehicules s'arretent aux intersections pour les laisser
passer. Nous le constatons vite nous meme et sommes surpris lorsque les
voitures s'arretent alors qu'elles sont prioritaires !!! Les rollers
egalement sont tres presents sans compter la multitude de personnes qui
effectuent leur jogging ou running avec quelquefois les poussettes a trois
roues tout terrain. Aussi, un nouvel engin est tres present sur les trottoir
: le "Scooter", c'est la replique des trotinette d'il y a 30 ans en plus
sophistique…
Nous faisons la connaissons de Kashia qui rentre chez elle en velo, son
travail se situe a 15 km de chez elle. C'est elle qui vient a notre
rencontre. Apres quelques echanges, elle nous propose de venir planter la
tente dans son bout de jardin. Nous la suivons, elle nous previent qu'en
cours de trajet elle marchera. Ceci ne nous surprend pas, vu les nombreux
deniveles de la ville. En effet, elle se met a marcher a cote de son velo,
alors que le terrain est plat… Et nous explique que ne faire que de la
bicyclette n'est pas bon pour les muscles. Plus loin, elle remonte sur sa
monture, et se met a piquer un sprint pour apres courir a cote de son velo
en revenant vers nous. Ensuite, elle reprend un rythme normal mais avec une
technique particuliere… Elle ne s'assoie jamais sur sa selle…Pierre se
retourne vers Liliane, et lui demande d'adopter dorenavant cette technique
tres agreable a voir…
Finalement, nous plantons la tente dans le jardin de son voisin et nous nous
preparons a l'arrivee de Marion, la fille de Pierre.
UNE AUTRE AVENTURE COMMENCE
Aujourd'hui 11 juillet, apres plus de 3 mois de separation, nous retrouvons
Marion qui nous rejoint avec son velo pour partager avec nous, pendant 5
semaines une partie de ce tour du monde. Nous allons a l'aeroport avec nos
velos, a la fois tres emus de la retrouver et un peu anxieux de lui faire
faire les 20 kilometres pour rejoindre notre tente apres sa longue journee
de voyage. Nous nous demandons comment nous allons la retrouver et dans quel
etat d'esprit.
Nous nous positionnons dans l'aeroport, avec nos velos, face a la sortie
pour la voir arriver…
Une heure et demi apres l'atterrissage de son avion, Marion arrive enfin.
Alors que nous actionnons nos poires-klaxon de velo, nous constatons vite
qu'il manque ……. Le carton du velo !
MARION RACONTE SON VOYAGE EN AVION
Me voilà aussi dans cette galere !
Le stress de me perdre dans l'aeroport d'Amsterdam, de me tromper d'avion.
Pensant trouver cela, je m'etais preparee quelque temps a l'avance. Des que
je suis prise en main par l'hotesse, je me repose les memes questions.
A Clermont Ferrand ma premiere escale, le billet que j'ai n'est soi-disant
pas bon. Mais tout le monde a le meme billet que moi ! L'avion part avec
trente minutes de retard a cause de cela…
Une heure trente de vol pour rejoindre Amsterdam. La bas, j'ai 6 heures
d'attente pour mon prochain vol. Ou vais-je rester ? Combien de temps ? Dans
quelles conditions ??? Je ne sors pas de l'avion avec les autres personnes
mais seule avec une dame ne parlant que l'anglais. Je crois comprendre que
je dois attendre dans le hall avec les passagers de l'avion. Ainsi je monte
avec eux dans cet immense hall. Mais personne ne vient me voir pour m'
emmener dans la salle de transit comme prevu. Je me retrouve donc seule,
seule dans un immense aeroport ou peu de monde parle francais…J'ai
l'impression d'etre un ballon qui change de main. D'un monsieur a une dame
d'information a une dame bilingue et a quelqu'un qui finit par me ramener
dans la salle ou je devais me trouver 50 minutes auparavant. Et paf !!! je
tombe sur la fameuse dame qui m'avait dit de l'attendre, elle, dans le hall.
Les heures passent….une heure…deux heures…j' erre entre tele en langue
etrangere, les Legos, j'ecoute un brin de musique, je lis et tout a coup je
me rends compte qu'il est deux heures et que je n'ai toujours pas mange ! Je
demande a une hotesse quand sera servi le repas. On me repond que le repas
n'est pas compris…Heureusement que j'avais un petit casse-croute ! J'avoue
que j'ai vraiment compte les heures !
Et hop, une demi heure avant mon depart pour Vancouver, je me transforme en
balle de tennis….d'une dame m'accompagnant a une autre qui me dit d'attendre
et d'une autre 15 minutes plus tard qui m'amene a l'avion et me montre ma
place. J'ai l'impression d'avoir pris le meme avion il y a deux ans, lorsque
nous nous envolions pour Quebec. L'avion decolle…il est parti a plein gaz
pour pres de 10 heures de vol…
Je termine mon livre de 150 pages que j'ai commence trois heures avant. Je
fais la connaissance de mes voisins : ma premiere vraie conversation en
anglais, mais j'avoue que je ne me debrouille pas tres bien, et que les mots
chien, chat et souris en anglais ne me suffisent pas…
Le temps passe…deux films…en anglais…donc je ne comprends rien…
Je suis debout depuis 3 heures du matin mardi, ma montre indique 1h30 du
matin mercredi et je me sens un peu fatiguee. Le voyage est long, tres long
et seule, sans rien a faire, il paraît encore plus long…
Et maintenant la descente vers Vancouver commence. C'est a cet instant que
je me pose cette question : Comment vais-je les retrouver ? Quelle tete
auront-ils ???
Et la, je repasse encore entre plusieurs mains avant de recuperer mes trois
petits sacs. Le velo ne vient pas et la dame qui m'accompagne me dirige a
l'arrivee des bagages encombrants. Mais la…pas de velo…Je suis fatiguee…je
n'en peux plus…l'aeroport se vide peu a peu. Nous finissons par sortir pour
avertir Lili et papa que le velo n 'est pas la…il est alors 18h30 heure
locale soit 3h30 du matin en France.
RETROUVAILLES
Nous rejoignons notre tente avec le taxi (pris en charge par la compagnie
d'aviation), les velos a l'interieur, en attendant la recuperation du 3eme
velo 25 heures apres.
Nos retrouvailles sont tres chaleureuses, nous avons beaucoup de choses a
nous raconter : les nouvelles de France, le bulletin scolaire…et les
nombreuses annecdoctes des trois derniers mois. Nous decouvrons et
echangeons differents cadeaux. Marion ceux d'Amerique du Sud et nous, les
lettres, les delicates attentions de nos proches et amis :
Kit de survie avec tapenade, sachet de soupe de mediterranee, terrine de
cepes, cremes et mini pharmacie ;
Les croquants, la lavande, la confiture aux framboises et le guide du Canada
!
" Ca sent le schnok la dedans !" dit Marion en rentrant dans la tente. Des
pochons de lavande ont ete mis a l'interieur des sacs de couchage, mais
cela ne suffit pas. Il faut songer a les laver ! La tente montre aussi des
signes de fatigue…
Le lendemain nous reconstituons nos sacoches pour repartir a 3 sur 2 velos
dans les rues de Vancouver en apprenant a Marion la technique bolivienne (la
jeune fille assise sur la barre du velo).
Nous nous rendons chez Louise et Ken que nous avons rencontre la veille.
Notre panneau ecrit en partie en espagnol a interpele Louise qui vient a
notre rencontre et propose de nous accueillir. C'est un couple quebecois en
retraite tres active. Leur accueil est formidable. Nous envahissons le rez
de chaussee de nos 10 sacoches, deux chambres d'amis sont mises a notre
disposition avec salle de bain. Marion commence sa partie du tour du monde
dans un certain confort.
Ils seront un excellent relais dans notre decouverte de la Colombie
Britanique et nous sommes vraiment tres reconnaissant de leur aide. Presents
a chacuns de nos passages a Vancouver, nous y trouvons chaleur humaine et
humour, en partageant histoires vecues et gourmandises (glace au
chocolat…gateaux faits maison…).
DOWNTOWN
C'est avec nos trois velos sans les sacoches que nous partons a la
decouverte de la ville.
Le Vieux-Vancouver a vu le jour en 1867, lorsque John DEIGHTON dit
GASSY-JACK ouvrit un saloon pour les bucherons qui travaillent dans les
environs.
Le transport ferroviaire et la ruee vers l'or ont ete au centre du
developpement economique de " GASTOWN ". Aujourd'hui renove, il comprend les
boutiques les plus chics de la ville.
Avec ces quelques jours dans cette ville et apres deux mois en Amerique du
Sud, nous nous sentons en confiance. Nous laissons les velos dans un parc
special-velo comme il y a tant dans cette cite pour une petite heure… A
notre retour, nous apercevons un homme semblant ranger un de nos velos. Nous
constatons qu'ils ne sont pas disposes de la meme facon que nous les avions
ranges auparavant et en nous approchant de plus pres, nous voyons les
antivols sectionnes !
Nous n'en croyons pas nos yeux. Pierre attrappe vivement le bras de cet
homme suspect qui dit n'avoir rien fait et traite Pierre de fou. Pendant ce
temps Liliane alerte les passants avec un " Help - Police " et verifie si
tout le materiel est present. Marion recupere nos sacs que nous abandonnons
dans cet effet de surprise !
Alors que Pierre ne lache pas le bras de cet homme, nous doutons de sa
culpabilite. Deux minutes apres, la police est presente. Les policiers en
VTT en premier, suivis de deux voitures de Starsky et Hutch. Le sac de
l'homme est fouille et une mini pince est retrouvee dans celui-ci. Le voleur
est immediatement menotte puis ensuite embarque pour soi-disant deux jours
de prison. Nous apprenons que ces faits sont courants et que la ville
pourtant si tranquille n 'echappe pas aux problemes de drogue et de
delinquance.
Nous avons vraiment ete chanceux dans cette affaire, qui nous rappelle que
nous ne devons pas relacher notre vigilance quelque soit le pays. A la
recherche de nouveaux antivols de remplacement, c'est l'occasion pour nous
de voir l'antivol inviolable meme dans le Bronx, il s'appelle le New York,
il cout plus de 800 frs… nous en choisissons un autre !
L'AVENTURE COMMENCE
Apres quelques jours d'acclimatation sans les sacoches, et dans un certain
confort, le moment est venu pour nous de prendre la route. C'est un grand
moment, rouler avec Marion, tous les trois, vers l'Ile de Vancouver.
L'aventure commence vraiment maintenant a trois.
Apprentissage des codes
C'est le moment pour Marion de se familiariser avec nos differents codes de
conduite :
- code de civilite ou notre code de conduite pour le voyage
1-accepter (en notre compagnie ), ce que l'on nous propose (boisson,
repas, serviette de toilette, savon, lessive,…) ne sachant dans quel "
confort " nous serons le lendemain.
- code de la route :
2-Un Danger ou Obstacle sur notre trajectoire : l'index pointe du
cote de l'obstacle
3- Ralentir ou s'arreter : signe de la main droite de haut en bas
4-Un danger nous obligeant a nous ecarter sans trop reflechir :
crier " DROITE !"
Il est difficile de convaincre Marion de porter le casque, n'en portant pas
nous-meme. Nous lui expliquons qu'etant un enfant, nous sommes responsable
d'elle, alors que nous, adultes, nous sommes responsables de nos choix et
actes. Pas tres convaincant… Marion suivra tout de meme la consigne, non
sans mal…mais se conduira sur la route de maniere tres responsable.
Sur ces premiers kilometres ou nous circulons a trois de Vancouver pour
rejoindre le ferry, nous roulons maintenant sur des grandes avenues avec un
traffic important. Meme dans les files speciales pour velo, nous surveillons
dans nos retroviseurs plus que jamais le danger qui peut surgir de derriere.
Vu notre experience acquise, nous savons que le danger est permanent sur ce
type de route pour nous et encore plus pour Marion. Elle connaît sa premiere
aspiration lorsque un poid-lourd nous depasse…Nous redoublons de vigilance.
Pendant tout le voyage un terrible frisson nous envahit lorsque des
vehicules ou d'enormes Trucks charges de bois nous frolent de tres pres,
provoquant tres souvent un fort deplacement d'air.
Dans la deuxieme partie du sejour, les 120 kilometres que nous effectuons
pour rejoindre Whistler, sont tres eprouvant nerveusement. Nous progressons
alors, en file indienne, tres rapproches. Pierre, derriere, fait des ecarts
volontaires sur la route a l'approche d'un vehicule, pour l'obliger a
ralentir et prendre une distance raisonnable pour nous depasser.
Pour ce qui est de cette premiere journee, qui est une des plus longues en
temps de route et en kilometres, Marion nous surprend par son endurance et
s'ecroule sans manger a notre arrivee sur l'ile…
VANCOUVER ISLAND
Ile longue de 800 kilometres et large de 150, qui protege les cotes sud de
la Colombie Britanique est une veritable terre de contraste. Habitee
essentiellement dans la partie sud, il suffit de parcourir quelques
kilometres pour decouvrir son immensite sauvage qui pour sa majeure partie
est restee inexploitee. La densite de sa vegetation, le gigantisme de ses
arbres, la faiblesse de l'infrastructure routiere, la faune sauvage qui
l'habite font de l'Ile un des derniers bastions non foules par l'homme.
Partis du sud de l'ile, nous remontons la cote Est jusqu'a Comox, pour
poursuivre notre route de l'autre cote de l'ile, sur la cote sauvage de
l'Ouest, Tofino et Ucluelet. Pour rejoindre le continent, nous empruntons
plusieurs ferry. Ce moyen de transport nous permet d'avoir un autre vision
du paysage. Nous pouvons, ainsi, apercevoir de tres nombreuses "cabanes au
Canada"…
LES RENCONTRES
Jour apres jour, nous faisons decouvrir a Marion, notre mode de vie pour ce
voyage. Elle se prend au jeu des rencontres spontanees et du " knocking ".
Les spontanees se font sur la route mais surtout lorsque nous sommes a
l'arret. Notre chargement et surtout le panneau, sont toujours l'occasion
pour declencher des discussions avec la population. Meme sans les sacoches,
nos GIANTS attirent l'attention des passants a notre grand etonnement. Les
debuts des echanges sont souvent semblables et Marion comprend tres
rapidement les questions que l'on nous pose, avec seulement une annee
d'anglais en 6eme. Le " knocking " est le terme que nous utilisons entre
nous, lorsque nous frappons a la porte des maisons, le soir venu pour
demander un abri pour la nuit. Elle se plait a choisir la maison suivant son
apparence, son jardin, la place de la tente…Aussi, au cours de ce voyage
nous multiplions les rencontres, toutes diversifiees et riches a la fois.
Le soir venu, toujours la meme question : ou allons nous dormir ? Nous
faisons quelques courses pour le repas du soir et le petit-dejeuner, puis
vient le moment de trouver le foyer qui nous " attend ". Il nous arrive de
souhaiter et… de trouver. Ce soir-la Marion " veut " manger des grillades
(pas facile en cyclo-camping) et cueillir des cerises…
* Ces vœux sont exauces, nous plantons la tente au pied d'un cerisier dans
le jardin de Dave et Jave qui dressent la table pour nous trois et preparent
des pommes de terre a la braise et des grillades ! La soiree se termine pres
d'un feu de camp dans le jardin, accompagnee de cerises et de whisky.
* Un autre jour, Marion souhaite manger du saumon. Dans une petite epicerie,
nous achetons notre repas de midi. Le patron, a la fin de notre dejeuner,
vient discuter. Il est intrigue par notre equipement sur les velos. Puis,
nous offre un morceau de saumon fume (preparation maison) en nous souhaitant
une bonne route.
* Le jour ou l'on a tape a la porte de Kiki, nous ne pensons pas avoir une
reponse positive. La maison est au bord de la riviere, pres d'une petite
plage. Il y a beaucoup de passage. Kiki est la petite-fille de Ferdinand De
Lesseps (qui a participe a la creation du canal de Suez et celui de Panama).
Kiki habite au rez de chaussee et l'une de ses 13 enfants est au premier
etage. Nous plantons la tente pres de la riviere. Le matin, la fille nous
apporte un plateau avec du the, du cafe, du lait et du jus de fruit. La
veille Kiki nous avait propose de prendre le petit dejeuner. Nous completons
avec nos cereales, du pain… Puis allons saluer Kiki, elle nous attend pour
le petit dejeuner. Nous ne pouvons pas refuser, et c'est reparti pour un
deuxieme tour. Marion a envie de vomir et trouve un pretexte pour se lever
de table apres avoir pris des cereales et 2 œufs…
* La rencontre avec Golda est originale. C'est elle qui aborde Liliane en
anglais puis en francais. Elle a 12 ans et etudie le francais depuis l'age
de 6 ans. Elle suit les cours de mathematiques et de sciences en francais.
Liliane se permet de lui demander si on peut planter la tente dans son
jardin. Apres avoir eu l'accord de sa mere puis de son pere nous voilà
partis vers leur maison. Pierre et Marion trouvent l'approche 'gonflee' mais
ne sont pas mecontents du resultat. Toutefois, Golda nous previent qu'il y
aura du bruit dans la nuit, son pere cuisine… En effet, Golda est aussi la
marque de produit fait maison et commercialise. Ce sont des sauces (basilic,
tomates a l'ail, artichaud a l'huile d'olive,…) que nous goutons au repas du
soir partage avec eux mais aussi en test apres le petit-dejeuner du
lendemain… Marion passe la soiree a jouer avec Golda et Freeman, parlant
aussi le francais.
* Le 25 juillet, nous sommes sous la pluie pour la premiere fois, et cela
doit durer toute la journee. Nous nous appretons a prendre notre dejeuner
sur un banc d'un supermarche a l'abri de l'averse et nous nous equipons pour
la pluie. Mona vient a notre rencontre et nous propose de venir chez elle
pour attendre que la pluie s'arrete. Nous nous rendons a l'adresse donnee.
C'est une maison sur la pointe de la cote, entre ocean et montagne, avec
piscine et plage privee. Mona nous fait visiter les lieux : nos chambres,
nos salles de bain et precise que nous en disposons pour deux jours si on le
souhaite, car apres la maison est occupee. Cette demeure est en long avec de
grandes baies vitrees de facon a voir l'ocean de toutes les pieces. Le
proprietaire est un boursicoteur a la retraite qui a participe aux jeux
olympiques de 1928 dans l'equipe americaine d'aviron, qui est actuellement
absent. Mona habite une dependence a cote. Nous, nous sommes dans la
propriete d'ete.
Nous avons l'impression de vivre un reve …
On s'y sent bien. Tout est bien, rien a y changer, le mobilier, la
decoration, l'emplacement, le bruit des vagues, … c'est la maison de nos
reves, elle est parfaite…
Mona tient a nous preparer tous les repas, que nous prenons ensemble durant
notre sejour dans une grande convivialite. Elle dit que nous sommes en
vacances le temps de ce sejour et que nous ne devons rien faire… le
refrigerateur est rempli plusieurs fois par jour. Cette rencontre nous fait
eviter deux jours de pluie incessante dans un confort inoubliable !
* Un autre jour de pluie, nous trouvons refuge dans une caravane. Celle-ci
est en cours de renovation, Greg finit de la remettre en etat lorsque nous
arrivons. Pour patienter, Jane nous propose des toasts avec du fromage (dans
un pot en plastique), de la confiture, du cafe. Marion dit : " quand est ce
que l'on mange ? " et nous repondons : " mais on mange la ! ". Pour feter la
fin des travaux de la caravane, on trinque ensemble, Marion aussi, avec une
boisson alcoolisee faite maison. Nous dormirons donc avant eux dans leur
caravane renovee.
* Sur la sunshine coast, après la sieste, avec seulement 20 km au compteur
ce jour-la, c'est Peter et Barb qui s'arretent devant nous et nous
proposent de prendre un bain. Il est 15 heures 30. Apres quelques secondes
d'hesitation, nous les suivons jusqu'a leur maison d'ete au bord de l'ocean,
90 metres en contrebas de la route. L'acces se fait par un chemin de terre
tres abrupt. Le bain est toutefois assez frais (16 degres), Peter demande a
Marion d'aller se rincer si elle veut une surprise, car elle s'etait juste
avant roulee dans le sable… Elle decouvre en compagnie de son papa le hot
tub (jacuzzi) sur la terrasse en face de l'ocean. On se retrouve rapidement
a 5 dans une eau a 38 degres avec un verre de vin californien et d'une
boisson fraiche pour Marion. Nous n'avons pas pu repartir et avons accepte
l'invitation au repas du soir que nous prenons sur une nappe Provencale ! Ce
couple, tres sympathique, nous raconte leur voyage en Europe, notamment en
Provence. Peter va sortir ses bouquins et guides sur la France et notre
region. Nous echangeons sur notre amour de la Provence et prenons
rendez-vous pour rendre la pareille, dans quelques mois a condition qu'ils
arrivent en velo…
* Alors que Marion souffre d'une allergie a son pied droit suite a une
piqure d'un insecte, nous ecourterons notre journee de velo. Par un hasard
qui nous surprend toujours, notre recherche d'hebergement aboutit ce jour-la
a la maison d'un…docteur a la retraite ! Marion qui souhaitait que l'on
s'occupe de son pied ne peut mieux tomber ! De plus la maison est equipee
d'une piscine et d'un jacuzzi ce qui facilite la guerison… Dans cette
famille nous rencontrons un des fils, Paul, qui connaît bien la Provence
pour y avoir passe quelques mois il y a une vingtaine d'annees. C'est a la
fois en francais et en anglais qu'il nous raconte avec beaucoup d'humour
pendant toute une soiree ses souvenirs de Canadien a Barcelonnette.
Paul et sa femme Janet, insistent pour que nous venions chez eux, de retour
des Rockies, une semaine plus tard. Huit jours apres, nous realisons, en
leur compagnie, la montee du " Chief " a Squamish, le site d'escalade de
granit le plus haut du monde. La journee se termine autour d'un repas que
nous avons tenu a preparer. Le menu est typiquement francais : chevre chaud
sur lit de salade verte, gratin Dauphinois, ratatouille, grillades et
assortiments de sorbets accompagnes des fruits rouges du jardin… C'est notre
premier " bafras " depuis quatre mois. " Que c'est bon de manger francais !
"
Les enfants, Neel et Megan, de l'age de Marion apprenent comme Golda le
francais lors des cours strategiques comme les mathematiques, les sciences
et sont tres heureux de pouvoir le pratiquer avec nous.
* Pour ce qui concerne la rencontre avec Willy, c'est encore une preuve de
confiance qui nous depasse.
Le soir de notre arrivee, il accepte que l'on plante la tente dans son
jardin pour une nuit seulement etant donne qu'il doit partir le lendemain.
Nous passons une courte soiree avec lui. Le lendemain, il nous propose de
disposer de la maison a notre guise pendant ses vacances. Il nous confie la
cle et nous explique comment utiliser toutes les commodites de la maison
(lave-linge, seche-linge, cuisiniere, tv, video, chaine hifi, internet et
meme les baies que Marion doit donner chaque jour a sa souris…). Chapeau ! !
!
Bien entendu, il arrive parfois que les foyers ne nous acceptent pas. Les
raisons ou les pretextes sont parfois comiques…Par exemple, alors que nous
sommes dans un ensemble de tres belles maisons de bord de mer, l'homme qui
nous repond nous dit qu'il nous accepterait bien mais qu'il n'a pas
de….toilettes ! Par hasard, nous nous retrouvons quelque peu apres a la
terrasse de la maison de Eric et Marge, celle-ci donnant sur l'habitation de
celui qui vient de nous refuser…
Un autre jour, l'homme qui vient d'accepter avec grand plaisir notre arrivee
revient apres avoir consulte sa femme, tout penaud, nous dire d'une facon
deguisee que son epouse ne veut pas…
Nous demandons toujours un endroit " sur " pour la nuit, pour les velos et
nous meme. Un homme va trouver le pretexte qu'une mere Ours vient toutes les
nuits dans son jardin avec son petit… pour nous refuser son bout de jardin.
Nous plantons, ce soir-la, la tente deux maisons plus loin sans probleme.
Ce qui nous etonne parfois, c'est que les gens ne savent pas directement
dire non et cherchent des pretextes pour que l'on aille voir ailleurs. Ceci
reste plutot rare. Les gens qui nous accueillent, nous indiquent de
nouvelles adresses dans nos prochaines destinations de personnes qui
souhaitent nous recevoir pour echanger le temps d'une soiree. Par le biai
d'internet, certaines de nos rencontres se concretisent par des echanges
ulterieurs que nous entretenons avec beaucoup de plaisir.
* Sur la route, nous avons des gestes de sympathie qui nous surprennent
chaque fois. Alors que sous un soleil de plomb, nous sommes dans une montee,
une voiture s'arrete. Deux femmes sortent et nous tendent trois bouteilles
tres fraiches. Nous comprenons qu'elles nous avaient apercus en sens
inverse, sont allees acheter les boissons et nous les ont offertes avant de
reprendre la route.
Dans la ville de West Vancouver, c'est Gylen qui nous offre le cafe et une
boisson fraiche le temps de raconter nos vies respectives.
Dans nos precedents voyages, de deux a trois semaines, ou nos deplacements
s'effectuaient en voiture, nous rentrions toujours un peu frustres de
l'insuffisance de rencontres avec les populations. Nous constatons, jour
apres jour, que le choix du velo repond a ces attentes de contacts. Nous
savons mieux apprecier et profiter des bons moments.
WHISTLER ET LES OURS NOIRS
Station de ski l'hiver, c'est le paradis du Mountain Bike l'ete. De tres
nombreux Trails sont accessibles, que l'on soit debutant ou chevronne. Ces
parcours passent autour des differents lacs. La temperature de l'eau varie
de 18 degres pour l'Atlas Lake a 12 degres pour le Green Lake. Les baignades
y sont tres agreables mais de courtes durees. L'eau y est tres pure au
point d'avoir envie de la boire. Nager avec les montagnes enneigees tout
autour, nous procure un tel plaisir, que nous decidons de rester quelques
jours.
Depuis notre arrivee au Canada, nous nous attendons a rencontrer l'ours
noir. Sa presence est signalee partout. Des brochures nous sont distribuees
pour la conduite a tenir en cas de rencontre. Des spots sont diffuses
quotidiennement a la television pour les memes conseils. Des panneaux sont
disposes a l'entrée des parcs. Les poubelles ont ete fabriquees specialement
pour dejouer la finesse de l'ours a la recherche de nourriture (elles sont
inviolables). Quelques promeneurs, en pleine journee, et non loin des
habitations, ont des clochettes pour se faire entendre de ces animaux. La
vue des ours n'est pas tres bonne, par contre ils ont une ouie et un odorat
tres developpes.
Nous sommes donc prets a cette rencontre …
Nous mettons la nourriture en lieu sur, chaque soir…
Les jours passent, toujours pas d'ours…
Nous allons meme dans une decharge controlee, a la tombee de la nuit (avec
un de nos amis), attendre leur arrivee…
Mais rien n'y fait, nous n'en verrons pas.
Il faut savoir que le souhait d'un canadien est de ne jamais en
rencontrer…Ils ne sont pas particulierement mechants, mais si on les
surprend, surtout avec leur petit, ils peuvent avoir des comportements
dangereux. Dans ce cas present, il est conseille de faire face a l'animal,
ne surtout pas courir, de l'impressionner en se grandissant tout en se
retirant sans mouvement brusque. Si toutefois, l'animal charge, il est
recommande de "faire le mort" et de se mettre en position foetale.
Nous quittons la Colombie Britanique sans avoir fait leur rencontre. Decu de
ne pas avoir partage cette aventure avec Marion, mais avec l'espoir dans
voir en Alaska.
MARION RENTRE EN FRANCE,
Nous continuons notre route.
Avec ces cinq semaines avec Marion au Canada, nous avons vecu avec beaucoup
de plaisir le partage avec elle de notre aventure dans ce tour de monde.
Apres deux mois de precarite en Amerique du Sud, le confort etait plutot
present sur le continent Nord Americain… Si les heures passees sur le velo
etaient moins nombreuses, Marion peu chargee nous a impose un rythme
soutenu! Le compteur affiche 1000 kilometres supplementaires avec de
nombreux et beaux deniveles…
Finalement, nous constatons que Marion a bien integre les aleas et
contraintes de la vie a velo. L'odeur de shnock qui la derange le premier
jour, elle n'y fait plus attention aujourd'hui ! Elle se moquait de nos
marques de " bronzage de cyclistes ", elle fait desormais partie du club. Et
meme, elle n'utilise que 2 des 3 tee shirts que nous lui avons imposes.
Nous pensons deja a sa prochaine venue au Nepal dans 4 mois, dans un
contexte certainement tres different.
Mais avant cela, alors qu'elle quitte le Canada le 18 aout…nous nous
preparons a notre prochaine etape, l'Alaska dans quelques jours ou nous
serons a 12 heures de decalage horaires avec la France…
A ben leu
Bonne rintrade
Liliane Pierre et Marion
>
C est la rentree et c'est le moment de controler les connaissances!!! Vous
pourrez trouver sur notre site, encore remodele par notre webmaster Laurent,
le premier VELOQUIZZ de l'annee!!!!
Site : http://lemondeavelo.free.fr
E-mail : pierrelili84@hotmail.com